Pourtant, dans le passé il existait bien évidemment des artistes, notamment Klimt, qui représentaient toutes formes de féminité. L'art a su montrer la femme de multiples façons, mais une nouvelle génération de femmes artistes audacieuses et novatrices s'impose et partage sa vision.
Ces quatre femmes artistes se sont données comme mission de représenter les femmes dans toute leur splendeur multidimensionnelle : des personnes diverses et intelligentes, qui savent aimer et connaissent la perte, qui découvrent les relations, la sexualité et la mode dans le tumulte du monde contemporain.
Loin d'une vision irréaliste du corps, de poses mécaniques et d'expressions complaisantes, Amber Vittoria, une illustratrice new-yorkaise, « démantèle les tropes sociétaux imposés aux femmes » et n'a pas peur de représenter la grande complexité du monde féminin à travers son imagerie body positive.
En choisissant une palette de couleurs aux teintes plutôt chaleureuses, Vittoria peint des femmes longilignes à la pilosité intacte et aux formes généreuses. Le choix vestimentaire charmant de ses héroïnes voluptueuses vêtues de lingerie, de maillots de bain et d'autres pièces près du corps nous rappelle que nul n'est en position de nous imposer la bonne taille ou la bonne forme du corps.
Tandis que dénudées et dénuées de couleur, les femmes dans les dessins de Frances Cannon bénéficient d'un espace sûr pour révéler leurs identités crues et queer. Cette artiste australienne dépeint non seulement le corps féminin et ses fonctions vitales, mais également des femmes qui se définissent en dehors des normes de la société traditionnelle.
L'œuvre de Frances Cannon a un impact non négligeable. Nombreuses sont les admiratrices de son travail qui se sont faites tatouer ses dessins afin de déclarer leur véritable libération ; libération de la vision souvent trop étroite imposée par la société de l'identité et de la sexualité des femmes.
L'artiste d'origine espagnole, Paula Bonet, va encore plus loin : des vulves et des tétons deviennent les protagonistes absolus de ses toiles. Au départ connue pour ses illustrations accrocheuses de filles fantasques aux joues rouges au stylo et à l'aquarelle, elle décide de les mettre de côté afin de témoigner brutalement de la perte de grossesse à travers la représentation des embryons.
Cette artiste née à Valence s'est également mise à l'écriture, en explorant le sujet de la fausse couche, partageant son expérience personnelle dans un livre intitulé « Rodents. Pregnant body without a Fœtus ».
En sérénité absolue avec son corps et ses idées, le travail de la new-yorkaise Kelly Beeman est une bouffée d'air frais. Ses héroïnes suivent les tendances de la saison, mais elles n'utilisent pas la mode afin de séduire, mais comme outil d'expression à leurs propres conditions.
À travers des peintures à l'aquarelle ou à l'huile, ses caractères aux yeux en amande et aux nez parfaitement droits envoient des messages de sororité et d'empowerment tout en explorant l'importance des tendances et de l'apparence dans la culture contemporaine.
Une de ses œuvres les plus célébrées intitulée « Sister Series » est un éditorial de mode illustré commandé par le magazine Marie Claire Italie en 2016. À travers une série de dessins, Kelly Beeman puise dans sa propre expérience familiale afin d'explorer les vies des quatre sœurs, les relations qu'elles entretiennent entre elles et avec leurs individualités.
Tantôt insolite et légère, tantôt crue et chargée d'émotion, l'œuvre de ces artistes exceptionnelles constitue non seulement une représentation fidèle de la personnalité de chacune, mais beaucoup plus : il s'agit de messages de sororité, d'acceptation de soi et de body positive nécessaires depuis si longtemps.